Lire : Les
ministres de la Justice et les
pressions des États autoritaires
par Anne Morelli - La
Libre Belgique 24 octobre 2006 [L'article] |
Le
tribunal de Bruges fortement influencé
par des instances politiques, comme on le
sait a opté pour la seconde solution.
La ministre de la Justice reconnaissait de
la sorte, dès ce moment même,
que le procès auquel Bahar Kimyongür
avait été ajouté au dernier
instant était un procès
politique.
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Le Clea pense que les questions
politiques doivent être réglées
par débats, hors des enceintes
des tribunaux. Et si la Justice considère
qu'il y a délit politique alors,
le procès doit se tenir en assises.
Ce procès en correctionnel, qui
s'est déroulé au milieu
d'irrégularités de procédure,
un procès visant à criminaliser
des opposants au régime turc
et à les présenter comme
de vulgaires bandits, doit de la sorte
être frappé de nullité.
- Le 11 mai 2006, le Clea,
sans doute un peu naïvement, encourage
la ministre de la Justice à recevoir
la famille de Bahar pour éviter
le pire, à savoir son extradition
vers un pays pratiquant la torture.
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Dans une déclaration, nous
disions : "Si le PS est, comme il le
prétend, de gauche, c'est-à-dire,
s'il défend vraiment les plus faibles,
Mme Onkelinx doit nous recevoir et s'engager
à obtenir, par tous les moyens, la
certitude que le gouvernement belge protégera
Bahar" (2).
En dépit de demandes publiques et écrites
incessantes, Mme Onkelinx n'a jamais répondu
à nos requêtes. Bien au contraire,
après s'être vue interpellée
par l'épouse de Bahar lors d'un débat
à Schaerbeek, elle lui a signifié
brusquement qu'elle ne voulait plus jamais
entendre parler de Bahar Kimyongür (3).
Le moins que l'on puisse dire,
c'est que son souhait n'a pas été
exaucé. On sait désormais
pourquoi
On pouvait supposer que la
présence sur la liste qu'elle mène
à Schaerbeek des gens de la mouvance
des loups gris et des négationnistes
du génocide arménien avait influencé
sa volonté de ne pas ébruiter
cette affaire. En fait, c'est encore plus
grave, on est face à une affaire d'État.
-Le 26 avril : sous la houlette
du ministère de la Justice, une réunion
(4) rassemblant
des représentants politiques, des policiers,
la sûreté de l'État et
des membres des autorités judiciares
dont l'ineffable Johan Delmulle,
se tient et décide d'organiser la "livraison"
de Bahar Kimyongür vers la Turquie en le faisant
arrêter aux Pays-Bas. La ministre de
la Justice devient donc hors-la-loi puisqu'elle
organise elle-même un complot en vue
de l'enlèvement d'un citoyen belge
pour le livrer à un pays violant les
droits de l'Homme (5)
et ce pour que l'extradition de notre compatriote
calme l'Etat turc choqué de la disparition
d'Erdal (ceci, sans parler les éventuelles
retombées électorales d'un telle
acte de traîtrise). De plus, elle a
menti systématiquement, notamment lorsqu'elle
a répondu aux interpellations parlementaires
sur cette question. Or, comme le rappelle
le président de la Chambre : «Un
ministre qui ment est (un ministre) mort».
Actuellement, pour des raisons
électoralistes, on prétend que
Mme Onkelinx a fait trop de gaffes, qu'elle
doit être encore plus répressive,
que l'«affaire Kimyongür» est
une goutte d'eau (mais une goutte importante
puisqu'elle a fait déborder le vase).
Pour ces raisons, le VLD la met sous pression.
Or, dans l'affaire qui nous occupe,
c'est depuis la gauche que l'on attaque Onkelinx
en demandant sa démission : la ministre
socialiste se met aux ordres de la droite
flamande et de l'extrême droite turque.
Elle a sciemment menti pour
livrer un citoyen belge à un pays pratiquant
la torture : Il faut qu'elle démissionne !
(1)
JT 13h RTL-TVI week end du 29-30 avril 2006.
(2) Déclaration
du Clea lors du rassemblement devant le palais
de Justice de Bruxelles, le 11 mai 2006 pour
dénoncer la tentative d'extradition,
via les Pays-Bas, de Bahar Kimyongür vers
la Turquie et exiger sa libération.
(3) Voir
notamment, Koksal M., Onkelinx
sacrifie Bahar Kimyongür. Disponible
sur :
http://allochtone.blogspot.com/2006/06/onkelinx-sacrifie-bahar-kimyongr.html
(4) Voir
par exemple, Metdepenningen M., Comment les
belges ont livré Kimyongür, Le Soir,
19-09-2006.
(5) Comme
le confirment de nombreux rapports d'Amnesty
International.