Collaboration policière «Turquie-Belgique» : Nouvelles révélations Communiqué du Clea - 9 juillet 2008 [Version ".pdf" de ce Communiqué]
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Il
y a deux semaines, une délégation turque
–composée de cinq chefs de la police et de deux procureurs
antiterroristes– était reçue par les
autorités judicaires belges qui leur confiaient les archives du
DHKP-C, saisies en septembre 1999 dans un appartement à Knokke.
Or,
sur l’une des photos représentant cette
délégation policière turque (photo qui vient de
paraître dans le quotidien Sabah),
on reconnaît distinctement l’homme en civil qui avait
insulté et menacé de mort Bahar Kimyongür («Siktir lan, orospu çocugu. Senin gibileri gebertmek lazim», «Va te faire f…, fils de p... Des types comme toi, il faut les buter»…)
durant une des sessions du procès devant la Cour d’appel
de Gand, en septembre 2006. Des membres de la police
fédérale avaient d’ailleurs été
obligés d’évacuer ce provocateur de la salle
d’audience pour ramener le calme dans le prétoire.

La délégation turque dans les rues de Bruxelles - Photo Sabah |
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Outre
cette toute récente visite d’une délégation
turque de haut rang, d’autres cas de collaborations
scélérates entre polices belge et turque avaient
–pourtant– déjà fait l’objet de
dénonciations dans la grande presse (francophone notamment).
Ainsi en avait-il été lorsque furent finalement
révélés les dessous du kidnapping de B.
Kimyongür aux Pays-Bas (en avril 2006) –un enlèvement
organisé sous l’autorité de la ministre de la
justice de l’époque, la socialiste Laurette Onkelinx.À titre d’exemple, nous vous renvoyons à l’article paru dans Le Soir du 22 janvier 2008. Edifiant. «Le
rapport annuel du Comité R (surveillance des services de
renseignements) confirme que la Belgique a bel et bien voulu livrer
l’un de ses ressortissants, Bahar Kimyongür, à la
Turquie en contravention avec toutes les règles de droit. En
septembre 2006, Le Soir révélait qu’une
réunion secrète a rassemblé le 26 avril 2006 au
centre de crise du ministère de l’Intérieur 25
magistrats et fonctionnaires représentant la Justice,
l’Intérieur et les services du Premier ministre. Cette
réunion concernait le sort à réserver à
Bahar Kimyongür, un ressortissant belge sympathisant de
l’organisation d’extrême gauche turque DHKP-C,
condamné à quatre ans ferme par le tribunal correctionnel
de Bruges.
«Un mois
plus tôt, «un service de renseignements ami» (ndlr :
les services secrets turcs, selon nos informations), note le rapport,
indique que Kimyongür est susceptible de prendre la fuite et de se
soustraire à son procès en appel à Gand. La
Sûreté ne croit pas en cette éventualité.
L’information remonte à la ministre de la Justice et au
parquet fédéral qui organisent la fameuse réunion
secrète du 26 avril. Au cours de celle-ci, il est demandé
que l’OA3 (la police antiterroriste) et le Parquet
fédéral prennent contact avec le parquet
néerlandais en vue de procéder à
l’arrestation de Kimyongür, qui doit se rendre à un
concert aux Pays-Bas, et de permettre ainsi sa livraison à la
Turquie qui a délivré un mandat d’arrêt
international.
«Le
compte-rendu de cette réunion est modifié à la
demande du Parquet fédéral, car
l’illégalité de l’opération a
été soulignée par plusieurs participants –la
Belgique ne pouvant livrer un de ses ressortissants à un pays
étranger. Dans un compte-rendu, non amendé par le Parquet
fédéral, l’un des agents de la Sûreté
note : «Une solution serait
d’organiser une surveillance avec l’espoir qu’il
(Kimyongür) se rende aux Pays-Bas. La police néerlandaise
pourrait être susceptible de l’intercepter et de le mettre,
le cas échéant, à la disposition des
autorités turques». Des membres de la
Sûreté présents se sont offusqués de ce
procédé illégal. L’un d’eux,
déposant devant le Comité R, a ainsi exprimé son
étonnement: «Le scénario proposé lors de la réunion de crise était machiavélique!».
«En
exécution des décisions de cette réunion, la
police anti-terroriste et la Sûreté ont mis en place une
surveillance sur Kimyongür. Leurs homologues néerlandais
étaient tenus au courant. Et le Parquet fédéral,
selon le rapport, demande au juge d’instruction chargé de
l’enquête sur la disparition de la militante Fehryie Erdal,
de délivrer un mandat à la DSU (unités
spéciales de la police fédérale) lui permettant
d’effectuer une «observation
transfrontalière». Durant
toute l’opération, les services turcs et
néerlandais sont tenus au courant par leurs homologues belges. Et
c’est ainsi que la voiture de Kimyongür fut
interceptée par une voiture banalisée de la police
néerlandaise. Son extradition vers la Turquie fut finalement
refusée.
«Dans son rapport, le Comité R exprime des doutes sévères: «La
prétendue finalité judiciaire de l’opération
suscite des questions», écrit le Comité R qui
déplore que «la Sûreté n’ait pas
effectué d’analyse juridique sérieuse sur la
légalité de sa mission». Il relève que «les services de renseignement ne sont pas légalement compétents pour observer des personnes».
Son rapport s’interroge aussi sur la légalité de la
transmission par la Sûreté à l’AIVD (les
services néerlandais) de données personnelles relatives
à un ressortissant belge. Des
renseignements sur le déplacement de M. Kimyongür, selon
nos informations, ont également été transmis aux
Turcs.
«La
ministre de la Justice de l’époque Laurette Onkelinx avait
démenti l’intention de la Belgique de livrer
Kimyongür à la Turquie en le livrant d’abord aux
Néerlandais. Le rapport de la Sûreté la
dément. Le débat parlementaire sur cette affaire
d’État n’a jamais eu lieu. «Anne-Marie
Lizin, alors présidente du Sénat, n’a jamais voulu
réunir une commission à ce sujet», déplore la sénatrice MR Christine Defraigne.»
En
réalité, dès le début de l’affaire
«DHKP-C» en 1999, plusieurs secteurs de la police belge
avaient décidé de transmettre des données
confidentielles liées à l’enquête judiciaire
aux services spéciaux turcs. C’est ainsi que des
pièces figurant dans le dossier d’instruction
–pourtant secret– avaient été publiées
par la presse d’Ankara. Nous sommes en mesure d’en apporter
les preuves. Inédites.
Il s’agit notamment d’une photo de la militante
Fehriye Erdal reproduite dans les quotidiens turcs Günes et Posta le 4
novembre 1999, ainsi que dans Öncü le 6 novembre 1999… De même, une
photo du secrétaire général du DHKP-C Dursun Karatas avait été «fuitée»
vers le quotidien Hürriyet (qui la reproduisait dans son édition du 5
mars 2000, cf. ci-contre). | |  Dursun Karatas - Photo publiée dans Hürriyet | Quant à l’article susmentionné du journal Sabah,
il vient confirmer que les services secrets turcs mènent un
travail de «filatures techniques» sur le sol belge, travail
dont les résultats viennent d’être
communiqués à la Belgique, ce que révèle
l’article de Marc Metdepenningen paru dans Le Soir, ce 30 juin:
«Selon
le journal Sabah, les enquêteurs turcs auraient remis aux
enquêteurs belges (qui ne commentent pas) des informations
relatives à la localisation de Fehryie Erdal, qui avait
échappé à la Sûreté de
l’État belge, à la veille de sa condamnation par le
tribunal correctionnel de Bruges en février 2006. Les Turcs
auraient également transmis des informations «sur base de
filatures techniques» relatives à la présence en
Belgique de Dursun Karatas (le leader du DHKP-C dont la mort des suites
d’un cancer à la clinique du Parc Léopold à
Etterbeek avait été prématurément
annoncée depuis la Turquie en février dernier
–ainsi que sur le nº2 de l’organisation Zerrin
Sari)… »
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Actualité de
Huxley
«(...) au moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation
mentale, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques
– élections,
parlements, hautes cours de justice–
demeureront mais la substance sous-jacente
sera une nouvelle forme de totalitarisme
non violent. Toutes les appellations
traditionnelles, tous les slogans
consacrés resteront exactement
ce qu'ils étaient aux bon
vieux temps. La démocratie
et la liberté seront les thèmes
de toutes les émissions (...)
et de tous les éditoriaux
mais (...) l'oligarchie au pouvoir
et son élite hautement qualifiée
de soldats, de policiers, de fabricants
de pensée, de manipulateurs
mentaux mènera tout et tout
le monde comme bon lui semblera.»
Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes |
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